Vérification de ces principes : le jardin sec (karesansui) de Ryôanji, Kyôto

Modifié par Estelledurand

Observez les vues suivantes du jardin de Ryôanji, à Kyoto :

1. Qu'ont-elles de surprenant, pour un jardin ?

2. Quels éléments de composition et de symbolique du jardin japonais retrouvez-vous ?

Jardin de Ryôanji, Kyoto.


Jardin de Ryôanji, Kyoto.


Jardin de Ryôanji, Kyoto.


Ces vues ont de quoi d'abord nous surprendre puisque nous n'y retrouvons rien de ce qui, dans la représentation ordinaire que nous nous en faisons, constitue le jardin : nous y voyons des pierres ou blocs de pierre, soit dressés, soit couchés, ainsi que de fins graviers (du kaolin), sur lesquels des motifs sont tracés avec les dents d'un râteau. Les lignes qui y sont dessinées symbolisent l'élément de l'eau, qui entoure les pierres émergeant telles des îles. Chaque jour, les moines du temple ratissent les graviers en les animant d'ondulations différentes, pour y figurer soit une eau calme, soit des vagues qui se brisent, soit un écoulement.

Les pierres, constituées de roche basaltique sombre, disposées par groupes de 2, 3 ou 5, sont au nombre de 15 au total, mais positionnées de telle manière que l'on ne puisse jamais en voir plus de 14 à la fois.

Le contraste des couleurs, entre le sombre des pierres et la clarté du gravillon, rappelle la représentation traditionnelle du yin et du yang.

Plus surprenant encore : la végétation est bien présente sur ces clichés mais, à l'exception de la mousse entourant les "îles", elle se trouve en dehors du jardin !

L'espace du jardin apparaît comme s'étirant en longueur, son mur d'enceinte s'abaissant à mesure que l'on s'éloigne du temple, créant ainsi une perspective qui accentue la dimension infinie de ce microcosme.

Dernier point qui peut nous surprendre : le karesansui constitue un jardin dans lequel on ne peut cheminer que par le regard, puisqu'il se contemple du dehors, et qu'on ne peut s'y promener.

En ce sens, ce karesensui, ou jardin sec, situé dans l'enceinte du temple de Ryôanji (littéralement, "temple du repos du dragon") constitue l'épure du jardin japonais dans sa forme du jardin zen ; le contempler, l'arpenter du regard, en parcourir les différents points de vue, constitue de ce fait un itinéraire spirituel de détachement progressif. Véritable rébus philosophique, ce jardin est une sorte d'épure picturale mouvante, maintenue en l'état depuis sa conception en 1499 par Sôami.

Source : https://lesmanuelslibres.region-academique-idf.fr
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